Chef de cuisine et patronne du restaurant La Pirogue à Brazzaville, Olivia Bumba est spécialiste de la cuisine française. Cependant, elle sait sublimer les produits africains, congolais en particulier, chaque fois qu’une occasion se présente. C’était le cas lors d’un atelier de cuisine organisé récemment avec l’appui de la Délégation de l’Union Européenne en République du Congo.
Au menu : une délicieuse trilogie de poissons (machoiron, capitaine et bar) enchemisés, accompagnés de légumes (courges, carottes, navets, patates douces, pommes de terre) et d’une sauce, obtenue par la réduction de bissap et fumet de poisson, travaillée au beurre et à la crème fraîche. Les invités d’Olivia Bumba, en majorité des femmes de la presse, ont également eu droit aux jus de fruit et compotes faits maison. Décryptage, votre journal en ligne, a saisi cette opportunité pour s’entretenir avec Olivia Bumba.
Vous êtes actuellement, l’unique femme congolaise chef de cuisine exerçant à Brazzaville. Avez-vous un conseil à prodiguer aux femmes et jeunes filles qui aspirent à se lancer dans la restauration ?
La cuisine n’est pas un métier réservé exclusivement aux hommes. Bien au contraire, c’est un métier ouvert à toute personne, solide moralement et physiquement, ayant la passion pour la cuisine. Sans la passion, il est difficile d’exercer ce métier avec précision. Il faut de la passion car les heures sont difficiles, en plus du fait de rester débout toute la journée.
Je dis aux femmes qui ont envie de pousser dans ce métier que c’est possible. Je suis consciente que les femmes sont parfois un peu réticentes du fait qu’elles doivent s’occuper des enfants. C’est pourquoi ce métier ne doit pas être fait par contrainte.
Paradoxalement, les femmes sont supposées avoir des prérequis pour ce métier dans la mesure où la majorité d’entre elles s’occupent des travaux ménagers, la cuisine en particulier ?
Le dire comme cela c’est comme si vous êtes dans les stéréotypes des hommes où toutes les femmes doivent être dans la cuisine. C’est une affaire d’hommes et de femmes. Je pense que ce sont les passionnés qu’on retrouve dans la cuisine.
Pour être au top comme vous il faut avoir au moins un BAC +6. Ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Existe-t-il une autre solution ?
Certes, ce n’est pas à la portée de tout monde. Mais on peut apprendre la cuisine sans forcément faire de longues études. Le vrai défi chez nous est d’avoir des véritables centres de formation en restauration. Je suis sûre que plusieurs femmes pourraient s’intéresser à ce métier et exprimer leurs différents talents lorsque nous aurons de bons centres de formation au Congo. Personnellement, j’invite les femmes qui veulent faire ce métier à venir l’apprendre, mais avec passion.
Avez-vous l’idée d’élaborer un guide de vos menus comme d’autres chefs cuisine le font ?
Bien sûr. C’est ce que je dis aux gens avec qui je travaille. La cuisine est un métier de partage. La base que nous avons apprise et les livres que nous utilisons sont rédigés par des gens qui nous ont transmis leurs savoirs. Il nous appartient aussi de partager notre expérience à d’autres personnes.
En tout cas, j’estime qu’une personne qui ne partage ses recettes n’a pas l’amour du métier. Nous avons l’obligation de transmettre nos expériences aux gens qui ferons la cuisine de demain et non de les garder.
Jean René Kule Kongba