Un champ pour chaque moziki (mutuelle). C’est une initiative lancée par Mme Elphie Schella Tsana, présidente de l’Association des mères Moko (femmes dirigeantes des mutuelles) pour accompagner les efforts fournis par les autorités du Congo-Brazzaville visant la promotion de l’autosuffisance alimentaire.
Elphie Schella Tsana a défendu cette idée le vendredi 23 mars à la mairie de Brazzaville lors du forum sur Le leadership féminin, organisé par Mme Aline Ondaye, présentatrice de l’émission Mwasi ya N’Somi (femme d’honneur) et ses consœurs de DRTV. D’après la présidente des mères Moko, leur démarche est la réponse à l’appel du gouvernement en lien avec la célébration de la Journée internationale de la femme de 2019. Une journée placée, au niveau national, sous ce thème : « L’implication de la femme congolaise dans la lutte pour l’autosuffisance alimentaire des produits de base. »
Dans cette optique, les mères Moko « se sont concertées pour montrer la diversité et la richesse de leurs différents parcours et voir ensemble comment elles peuvent contribuer au développement » national. « Le retour à la terre » est l’option prise par ces dernières car elles estiment que le travail de la terre, l’agriculture en particulier, « est un enjeu majeur pour le continent africain en général » et la République du Congo en particulier. Les mères Moko s’attendent à recevoir toutes sortes de critiques du genre, les femmes vont-elles labourer avec les faux ongles ? ou comment vont-elles résister aux intempéries avec les tissages ?
Mais les mères Moko ne redoutent aucune critique. Bien au contraire, elles ont affirmé leur volonté de relever ce défi par la voie de leur présidente. Ainsi, au lieu de se contenter des ragots, elles préfèrent se consacrer à « la recherche d’appui et d’aide pour la concrétisation de nos divers projets en vue de l’émancipation de la femme », comme l’a déclaré Elphie Schella Tsana. En effet, selon Elphie Schella Tsana, les mutuelles congolaises, sont accusées, à tort ou à raison, de s’investir « seulement dans les évènements festifs : anniversaires, mariages, naissances, retraits de deuil ; et les évènements malheureux tels les décès ou les maladies. » Mais l’association des mères Moko s’attèle à devenir un outil de développement et espère que d’autres moziki lui emboiteront le pas.
C’est pourquoi derrière le dévolu jeté sur l’activité agricole, les dirigeantes des mutuelles manifestent également leur volonté de rompre d’avec le passé pour s’investir dans le développement du Congo comme font les mutuelles féminines dans d’autres pays africains. Par ailleurs, Mme Tsana a indiqué que l’émancipation de la femme congolaise « ne sera effective » que si elle est « scolarisée, instruite, formée et qualifiée. »
Jean René Kule Kongba